• 7/8 - L'histoire secrète du pétrole - Le temps des règlements de comptes 2/4

     

    7/8 - L'histoire secrète du pétrole -

    L'histoire secrète du pétrole - Le temps des règlements de comptes


    Deuxieme Quart ( 2 / 4)

     

    http://video.google.fr/videoplay?docid=-8157924255436204952&q=source%3A004309600438005547921&hl=fr


    Début :

    15 min

    Fin :

    30 min

     

     

    A la veille du choc pétrolier du 73, seuls les professionnels connaissaient l'existence à Rotterdam d'un marché libre, véritable bourse de pétrole, la spéculation engendrée par la panique, révèle soudain le rôle décisif que ce Spot Market joue désormais dans la fixation des cours mondiaux, même si on ne traite à Rotterdam que 5%  des cargaisons disponibles au total.


    Dans la mesure où le marché libre réagit d'une façon si déterminante qu'il enclenchait résistiblement des hausses ou des baisses, il influence tous ceux qui font les décisions.


    Pourquoi le Spot Market de Rotterdam a-t-il pris cette importance ?


    En période de pénurie, les acheteurs se disputent un pétrole devenu rare et font monter les enchères, les pays producteurs ont alors tout intérêt à vendre tout le pétrole qu'ils peuvent aux prix forts et sur un marché parallèle, plutôt que de fournir leurs clients habituels à un prix inferieur fixé d'avance par des contrats à long terme.


    Machiavéliquement d'ailleurs ces mêmes pays producteurs prennent prétexte des hausses.... réévaluation des prix officiels, à l'inverse quand il y a trop de pétrole, quand l'OPEP impose à ses membres de réduire leurs productions et de tenir fermement les prix, le marché libre permet aux tricheurs de brader discrètement des surplus extraits en dépassement de leurs quotas, tout en feignant sur le marché officiel de respecter quantité et prix convenus, ainsi du fait de sa flexibilité, de sa rapidité à réagir aux moindres fluctuations du marché international, le Spot Market de Rotterdam est devenu depuis 1973 le baromètre des cours mondiaux du pétrole.


    Le marché libre de Rotterdam a pris sa formidable importance parce que toutes les multinationales ont hissé des raffineries, Rotterdam est un centre pétrolier mondial, et du fait de cette position clé, tous les professionnels ici reçoivent de première main un tas d'informations émanant de ces raffineries et de tous les responsables commerciaux qui peuplent les bureaux des grandes compagnies.


    Ici vous pouvez savoir avant tout le monde, où il y a pénurie et où il y a surplus de pétrole, quels sont les besoins et quelles sont les offres des produits pétroliers, et en déduire comment vont évoluer les prix, parallèlement nous disposons d'un système mondial de cotations exactement comme celui des grands marchés boursiers, en vous basant là-dessus, vous pouvez spéculer, jouer à la hausse ou à la baisse comme en bourse, et bien entendu gagner ou perdre.


    La spéculation se déclenche sitôt que sur un quelconque point du globe de grosses quantités de pétrole sont à vendre, à partir de là,  à vous de déterminer par vos calculs vos informations : où un peu plus tard va se produire une pénurie ? vous pouvez alors acheminer votre pétrole vers l'endroit où vous savez qu'il vous rapportera le plus gros profit , bien entendu 3 ou 4 acheteurs peuvent convoiter en même temps le même stock de pétrole, le vendeur alors fait monter les enchères, ca ne veut pas dire que il n'y a pas de pétrole, et c'est ce que s'est produit en 73/74, la demande a brusquement augmenté suite à une réaction de panique et les prix se sont mis à grimper par simple effet de spéculation.


    Effectivement le marché de Rotterdam a entrainé la montée spéculative au delà de ce qui était raisonnable, on le voit bien aujourd'hui.


    Les gouvernements pour les besoins de leurs pays, ont souvent besoin de recourir au marché parallèle donc les compagnies pétrolières étaient chargées par leurs gouvernements de s'assurer une certaine quantité pour faire des stocks, et en général les stocks de guerre des États-Unis ont été fait comme ça par les marché parallèle.


    Ainsi de 73 à 81 une poignée de marchands indépendants à Rotterdam et ailleurs vont régner sur le marché pétrolier mondial, on les appelle des Brokers.


    Un broker était courtier international qui traite la vente et l'achat de matériaux stratégiques dont le pétrole, c'est une personne qui a un bureau soit à Paris, à Genève ou dans les grandes capitales occidentales, dans les grandes villes d'Amérique et qui cherchent l'acheteur de ces produits moyennant une commission comme n'importe quel courtier, il n'a aucun recours devant aucune cour internationale pour exiger ses commissions, c'est une question de confiance entre le chargé de mission des producteurs de pétrole et les acheteurs, d'autre part, il y a des bakchichs qui sont distribués par des banques sur des places de Genève... ou ailleurs.


    Pour faire face à ses engagements financiers, le broker fait appel à la garantie d'une banque internationale dite banque trusty qui lui donne son aval contre un intérêt exorbitant payable d'avance et quotidiennement.


    Beaucoup de brokers engagent leurs biens personnels et ils dépensent des fortunes et des millions en télex, en téléphone, en voyages, en frais d'hôtels etc...pour quelques fois ne jamais rien gagner.


    Les compagnies internationales achètent sur le marché libre, le marché libre est une chambre pour toutes les personnes, très indépendantes.


    La production et la consommation ... et dans quelques périodes de l'année souvent les 7 sœurs veulent vendre une quantité de surplus, sur le marché libre et de l'autre coté le cheikh indépendant dans les pays arabe et OPEP vend une certaine quantité chaque année pour lui même.


    Jamais, ceci est absolument faux, beaucoup de brokers sur le marché pétrolier ont prétendu qu'ils pouvaient se procurer du brut en Arabie Saoudite, et ainsi ils étaient à même de tromper certains acheteurs en leurs faisant croire en période de pénurie qu'ils pouvaient acheter du brut saoudien, ils ont même réussi à escroquer des avances à des clients qui cherchaient du pétrole saoudien, c'était totalement faux, le gouvernement saoudien n'a jamais donné mandat à aucun broker quel qu'il soit de vendre du pétrole saoudien à personne, et jamais du pétrole saoudien n'a été vendu par aucun membre de la famille royale, ni d'ailleurs par aucun individu qu'il soit saoudien ou non saoudien.


    Pourtant les années 73 à 80 verront prospérer bon nombre de brokers, d'émirs arabes et de trafiquants plus ou moins escrocs, dont certains font fortune en ravitaillant clandestinement les pays frappés d'embargo notamment Israël et l'Afrique du Sud, c'est l'époque des cargaisons baladeuses revendues 3 ou 4 fois en cours de route face à des acheteurs trop naïfs, Caroline xxx broker d'occasion a été la victime d'une de ces affaires véreuses.


    Une grande compagnie américaine avait besoin pour faire ses stocks de guerre, d'une assez grosse quantité de pétrole, alors ils ont fait appel à des différents courtiers internationaux, tous les courtiers se sont mis en chasse et un marché a été traité, la grande compagnie américaine est venue à Zurich, il y avait au moins 20 personnes qui sont arrivées pour négocier cette affaire, ces 20 personnes ayant une part du gâteau, un cent (¢), un demi cent, ou un ¼ de cent par baril pour ce marché, le marché était signé et nous avons reçu des télex expliquant la date, le jour, la quantité, le nom du bateau qui devait partir sur Los Angeles, une commission a été désignée pour suivre la cargaison, ces personnes ont suivi la cargaison jusqu'au cap.


    Or entre temps cette cargaison a été vendue à un autre pays, avec d'autres brokers, avec d'autres banques et ces cargaisons ne sont jamais arrivées en Amérique, elles étaient perdues Belle et bien, et les commissions n'ont jamais été payées, ce n'est que la banque qui a gagné de l'argent parce que chaque jour qui passe, la banque a un bénéfice, c'est du piratage, un bateau part avec un pavillon de nationalité, il change de nom, change de couleurs et il arrive avec un autre pavillon, ça se fait couramment tous les jours.


    C'est surtout vrai des armateurs indépendants qui louent leurs pétroliers comme charter,  ils s'aperçoivent parfois qu'il serait plus payant de changer de destination une cargaison et n'hésitent pas à dérouter leurs navires.


    Toutes ces embrouilles ont masqué au grand public une vérité aujourd'hui reconnue par tous les experts sérieux : jamais en 73 il y a eu risque réel de pénurie durable de pétrole, pays producteurs, grands compagnies pétrolières, brokers et jusqu'aux gouvernements abusaient sur les vraies dimensions du problème ont entretenu cette légende pour des raisons diverses, seul effet positif sera de faire accepter par le public de draconiennes économies d'énergies.


    Les conséquences du choc pétrolier de 1973 s'avéreront dramatiques pour les nations industrielles dont le développement est cassé pour 10 ans, au lieu de faire front commun, elles préfèrent négocier en ordre dispersé des contrats bilatéraux avec chaque pays producteur en particulier, les pays non pétroliers du tiers monde voient leur dépenses d'approvisionnement en carburant accroitre catastrophiquement leurs endettements, les pays de l'OPEP, les États arabes surtout, sont à présent pleinement conscients de l'atout que leur assure l'arme du pétrole, ils ne se priveront plus d'en user, en mars 1975 le Koweït et le Qatar nationalisent leurs pétrole à 100%.


    Lorsque le gouvernement du Koweït a décidé de reprendre le contrôle des parts du Gulf et de BP dans la compagnie nationale, ça s'est passé en douceur, l'accord de nationalisation de 1975 va imposer à la BP et à la Gulf de continuer à nous assurer leurs services techniques mais nous les avons utilisé que pendant 2 ans, en échange de cette assistance technique, les 2 compagnies ont bénéficié de certains privilèges en matière de fournitures et de prix de pétrole, mais seulement pour un an.


    ...Sont des sociétés de service uniquement, l'industrie pétrolière a été intégralement nationalisée, le Koweït maître de son pétrole dispose d'ingénieurs, de cadres... exploite son pétrole lui-même, il reste encore néanmoins beaucoup d'étrangers : des français, des britanniques, des américains dans les sociétés.


    En été 74 l'Arabie Saoudite en accord avec l'Iran défend l'idée d'un prix unifié pour le brut et son indexation sur la hausse des prix manufacturés, déjà propriétaire de 60% des parts de l'ARAMCO, les saoudiens ont prendront bientôt le contrôle à 100% malgré la vive résistance des 4 sociétés américaines qui constituaient cette compagnie.


    Elles ont refusé autant qu'elles ont pu car cela signifiait une grave diminution de leurs profits.


    L'ARAMCO aujourd'hui est réellement dirigée par le gouvernement de l'Arabie Saoudite, et les compagnies n'ont plus rien à dire, c'est le gouvernement qui décide souverainement du développement des nouvelles capacités de production, et non plus le Conseil d'Administration de l'ARAMCO.


    Les anciens propriétaires de l'ARAMCO restent encore les propriétaires en titre de la compagnie mais ils n'en possèdent plus les avoirs, ils sont les propriétaires d'une coquille vide, d'une structure technique dont le capital pétrolier est à nous, nous n'avons gardé les 4 compagnies mères américaines que comme simples prestataires de services.


    Ce sont les techniciens d'Exxon, de Texaco, de Mobil et de Chevron ( ex Socal ) qui continuent à assurer les recherches, l'exploitation, le transport et toute la maintenance technique des installations, en échange de quoi, ces 4 compagnies bénéficient d'un traitement préférentiel pour leurs approvisionnements en pétrole.


    C'est nous les maîtres de l'ARAMCO, le Conseil d'Administration ne détient aucune autorité réelle, il n'est qu'un organe d'exécution, ce sont les saoudiens et eux seuls qui contrôlent à 100 % toutes les décisions.


    Tout ce qui touche à la production ou à la fixation des prix est souverainement déterminé par l'État, autrement dit décrété par le gouvernement du royaume d'Arabie Saoudite, toutefois étant donné que nous sommes des membres influents de l'OPEP nous nous referons très très prudemment à la situation du marché international, et nous nous servons de nos informations pour peser sur les décisions de l'OPEP.


    Il est indéniable que l'Arabie Saoudite est soumise à toute sorte de pressions politiques, les États-Unis exercent de telles pressions, les voisins arabes des saoudiens en exercent eux aussi, il en résulte que la politique menée par l'Arabie Saoudite est toujours un compromis entre ces diverses influences.


    L'ARAMCO est aujourd'hui 6 ou 7 fois plus puissante que avant sa nationalisation, nous en avons vraiment fait une société nationale, nous avons développé un potentiel humain, crée de nombreuses filiales se rattachant au pétrole, nous avons même crée une université de pétrole, tout ca nous a évidement pris beaucoup de temps, mais à présent notre objectif est presque entièrement atteint.


    L'université du pétrole de Dharan face au siège de l'ARAMCO symbolise la reprise en main des saoudiens de leurs industrie pétrolière, voyant toutes les activités touchant au pétrole, cet immense complexe qui n'a rien à envier aux universités américaines forme les ingénieurs arabes qui remplacent peu à peu les cadres américains de l'ARAMCO.

     


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